à propos du concert « Biber-Schmelzer En dialogue »
Sandrine Feurer, Isabelle Gottraux, Céline Portat, Esther Monnat, Lionel Desmeules, Jonathan Nubel, violon conducteur : elles et eux qui ont leur art vif et joyeux dans le sang, forment le noyau de Moment Baroque, qui s’est produit jeudi dernier à l’église St-Germain de Porrentruy. L’Ensemble a une ligne : la qualité exigeante. Il a une cohérence : offrir un programme qui se justifie illico. Il a une passion : la recherche, la curiosité de l’Histoire.
Avec beaucoup de bonnes raisons, deux compositeurs, J.H. Schmelzer et H.I.F. von Biber (XVIIe siècle), longtemps oubliés, mais actifs dans feu l’Empire austro-hongrois, sont mis en dialogue dans quelques sonates a cinque, a tre… et trois créations apparentées. On découvre des compositions vives, alertes, parfaitement éloquentes qui certainement, dans le même Empire, auront parlé à Haydn et Mozart (XVIIIe siècle). Les interprètes, en reflet de leur nature, ont rendu l’urgence que dessinent les séquences enchaînées en cortège dans leur brièveté, comme une nécessité de ne pas lasser Leurs Excellences, les Princes, dirait-on.
Musique de tendresse et de patience
C’est signalé dans les dédicaces (servientes aris et aulis, von Biber, Sacro-Profanus concentus musicus, Schmelzer,
i.e, Au service des Autels et des Cours). Cette musique est pleine de sève et de saveur, d’inventivité, de petites surprises, bien que cadrée dans les codes harmoniques fort sages. Les cordes chantent suscitant l’émotion d’une
musique de tendresse et de patience (Lamento sopra la morte di Ferdinando III).
Quand il le faut, le violon de Nubel, généreux, met le feu dans les traits de la virtuosité, performances de haut vol.
Dans la sérénade, on tourne aussi de la facétie.