C’était un public ravi et prêt à danser, chose inattendue, après le concert, de Le Moment Baroque donné dans l’Arc jurassien et ici, ce 25 janvier, à Saint-Germain de Porrentruy. Les excellents musiciens de cet ensemble sont conduits par Jonathan Nubel pour qui le violon est ami depuis toujours et le sera encore chez nous les mois à venir. La joie déclarée de cette heure musicale ? Elle venait de cet étonnant et audacieux enchaînement de 28 danses du XVIIe aux appellations usuelles ; sarabande, gaillarde, courante, pavane, bourrée, branle, philou… puis ballet des sorcières, des princesses, des bacchanales, des matelots… et des sinfonias moins connotées ainsi, mais en contrepoint. Ah, dites-vous, des compositeurs un peu fadas ? Non ! Messieurs Monteverdi et Praetorius, l’un italien, l’autre transalpin d’origine allemande, deux grands noms de ce temps-là, si connus, féconds et admirés. On est a donc entendus et découverts. Ils sont deux maîtres en cet art dit mineur, comme on le disait, au même moment, des poésies de Corneille, grand baroque littéraire. Chez les deux compositeurs il y a l’art du génie preste, avec canons et canevas parents, le même monde compositionnel et la même saveur, sur la sonorité merveilleuse des instruments stylés et mélanges multiples que cela permet, à deux, à trois…
Si l’on cite un seul nom des interprètes, il serait injuste de ne pas les citer pour toutes et tous, en décrivant talents et parcours individuels. Impossible. Citons leurs instruments : deux violons, alto, violoncelle, flûtes à bec, dulciane, hautbois, bombarde, virginal, percussions et 2e dulciane. C’est leur cœur, c’est leur vie à elle, à eux. Elles et eux ont su traduire aussi l’autre sensibilité, introvertie, celle de la noblesse, du coulé lumineux, du soleil, du cœur dans les 5 sinfonias du Maître, Monteverdi.