Des pièces baroques entendues comme au jour d’une première audition

Le concert « Rome sur Tamise » donné par Le Moment Baroque, vendredi à la Collégiale de Neuchâtel, fait partie de ces soirées qui marquent une saison. Certes, auparavant, on avait eu le plaisir d’apprécier l’ensemble, à géométrie variable, créé en 2004, partenaire alors, de chœurs ou d’opéras. Mais, de ce vendredi à Neuchâtel, date une nouvelle forme d’intérêt à l’égard de ce groupe. Douze musiciens, violons, altos, violoncelles, contrebasse et épinette, passionnés de musique ancienne, sur instruments historiques, ont allié avec bonheur la perfection technique et l’authenticité musicale, éléments fondamentaux à l’exécution des partitions des 17e et 18e siècles.

Violoniste, chef et soliste, Jonathan Nubel, un virtuose en la matière, règne sur l’ensemble sans dominer. On a l’impression de découvrir le Concerto Grosso op.6 d’Arcangelo Corelli, « La Stravaganza » de Vivaldi ou encore « La Folia » de Geminiani comme s’il s’agissait de premières auditions. Charme, vivacité, finesse de traits, de couleurs et d’esprit, sensibilité, raffinement, telles sont les qualités qui brillent sans cesse dans l’exécution de « La Stravaganza » à travers une substance sonore pure et transparente comme du cristal.

Une même compréhension de l’œuvre se manifeste dans « La Folia » de Francesco Geminiani. Rappelons que ce compositeur, né à Lucca en 1687, est mort à Dublin en 1762 après s’y être établi comme professeur et virtuose reconnu par ses paris de l’époque. Et que dire de la virtuosité du Moment Baroque engagé dans le « Concerto no 5 » de Charles Avison (1709-1770) d’après Scarlatti et du « Concerto op.6 no 4 » de Haendel ? On ne tarira pas d’éloges !

Denise de Ceuninck

L’Express, lundi 19 octobre 2015